L'Arbre à Trois Pattes
Rappel des épisodes précédents : Oahk Hyliou, un grand grunt sanguinaire, a été contacté par une faction du GAG, la Main Occulte, pour détruire le clan GAIA.Ainsi donc Oahk était en route pour accomplir sa mission. Et après de longues journées de marche, il s'arrêta brusquement (donc tout à fait normalement) et mit son doigt à la bouche pour émettre une réflexion assez pertinente :
- MaiS Où aLleR môA ?
En effet, et comme à son habitude, Oahk s'était précipité et avait encore couru par monstres et par veaux sans s'être d'abord demandé par où commencer... Il se retrouvait donc, cette fois-ci, en plein désert. Perdu. Seul. Affamé. Assoiffé. Déshydraté. Et nu, car rappelez-vous qu'il sortait de son bain annuel quand il avait reçu son ordre de mission ! Son premier réflexe ne fut pas de se vêtir mais de fredonner affreusement un chant de fête de son enfance :
- Tout nu et tout bronzé... Qu'on est bien, qu'on est gros quand on va tuer...
Bref, Oahk était en plein désert, nu comme un ver(t). Et paradoxalement, c'est ce petit détail (si l'on peut qualifier la chose ainsi) qui le sauva. Comment ça ? Comme ça :
- Ahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh !!! Le Monstre à Trois Jambes, c'est lui !!! C'est une... Non, c'est un... Ce n'est pas un arbre... Au secours ! A l'aide ! A l'abordage ! Ah non, ça je retire... Mais quand même : ahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh !!!
Vous vous demandez sans doute quel être est à l'origine de ces hurlements sans queue ni tête (réflexion faite, dans le cas présent nous dirons surtout "sans tête"...). Eh bien justement : un petit être pas plus haut que trois têtes, mesurant l'équivalent de deux gnomes se tenant débout l'un sur l'autre, bras levés. Une créature minuscule en somme... Le petit braillard prit ses jambes à son cou, chose aisée car elles en étaient déjà très proches de nature, et détala vers une dune voisine. Oahk n'eut qu'à faire un pas pour se placer sur le chemin du fuyard, mais il dut quand même attendre quelques instants que la petite chose, qui regardait derrière lui en balbutiant "Le monstre... La légende... Pourquoi moi ?", le percute à la cheville et s'assome. Le grunt n'eut plus qu'à se baisser pour ramasser sa proie et la poser sur la paume de sa patte, menaçant de l'autre de pratiquer le PAF (ou Prompt Applaudissement Fatal) si elle faisait mine de vouloir s'enfuir.
Et en plein désert, un dialogue surréaliste s'engagea :
- tOâ PEtiT êTRoN, dIre Moâ Où GAIA êtrE !
- O vénéré envoyé du vin, heu... divin, j'ai dit divin ! Pardonnez, ma mangue a fourché ! Oh non, pas ma mangue, je me trompu : je voula dire ma langue, héhé, ma langue, oui... Non parce que les mangues, de une on en trouve seulement à la sortie du désert, et de trois il me semble que ce fruit n'a pas encore été implanté dans le Lorndor, mais je peux aller me renseigner si vous volez... Oh pardon : si vous voulez ! Je ne vous traite pas de voleur, non, jamais, pardonnez votre déité, misérable serviteur que je suis, c'est l'érosion... Enfin, l'émotion, je veux dir...
- Toâ tAIrE sInoN CouPe-cOUpE LaNGuE !!! JuSTe DirE Où GAIA !
- GAIA, GAIA, vous avez dit GAIA ? Comme c'est GAIA... Justement, pas plus tard qu'y a pas longtemps, mon chien a aboyé et leur caravane est passée... aux GAIA... ces fous... là-bas derrière la Dune de Miel... Miel c'est un gobelin qui achète des parties de dése...
Mais déjà Oahk n'écoutait plus, et pour cause : il n'était plus là ! Il avait sauté en sommet de la Dune de Miel, désormais appelée "Le Petit Tas de Sable", et scrutait l'horizon, une patte sur son arbalète et l'autre sur le visage pour se protéger du soleil brûlant et du vent mordant de cet agréable endroit. Mais il avait beau plisser les yeux, il ne voyait rien... Ce n'est que quelques heures plus tard qu'il se rappela qu'il fallait placer la patte au-dessus des sourcils et non pas devant les paupières, comme le lui avait appris son défunt père, Raide Tchar Le Se. Père que, rappelons-le, Oahk, en tant qu'orphelin de naissance, n'a pas connu, ou si peu. Mais revenons à nos chameaux : enfin, la patte bien positionnée, tel un missionnaire, Oahk vit !
Mais que vit-il ? Ca :
Il s'agissait d'une bannière flottant au vent léger, arborant fièrement les symboles tant recherchés, et en-dessous de laquelle se déployait tout un cortège de créatures, charrettes et autres autels sacrificiels de voyage (modèle de granit rose avec rigole latérale et réceptacle pour récupérer le sang, en vente chez tous les bons gobelins des forêts septentrionales sur présentation d'un diplôme de secte agréé par la Guilde des Gros Cultes).
Oahk ne se posa pas de questions : il fonça dans le tas et défonça un tas d'individus heberlués par une telle déferlente de violence en ce lieu si hospitalier (pour peu que l'on soit un représentant du règne minéral). C'est alors qu'intervint l'éternel importun, l'empêcheur de tuer en rond habituel, le grain de sable fatal dans cette belle machine à trucider : un jeteur de sorts ! Encore et toujours ces satanés mages, qui viennent sans cesse titiller le pauvre Oahk ! Un jour il faudra bien que cela cesse ! Mais en attendant, notre sympathique grunt sanguinaire était suspendu au-dessus du sol, à une hauteur d'environ cent nains, certes pas très haut mais suffisament pour ne plus pouvoir trancher de têtes et ne faire que fendre l'air. Comble de l'arrogance, le magicien s'adressa à lui en ces termes alambiqués :
- Et toi, le gros, qu'est-ce qu'il te prend de massacrer mes frères ?
- GroAAaRg ! MOi mISsiOn TuEr GAiA ! VouS gAIa ! tUeR vOUs ! ToI dEsCEnDRe mOi PoUr MoI DeSceNdrE tOi !
- Un assassin en mission pour nous exterminer ? Mais qui donc pourrait vouloir notre mort ? Nous ne sommes que de pacifiques égorgeurs de plantes carnivores à la recherche de l'Arbre à Trois Pattes. Qui t'envoie ?
- GNé ?
- Oui, bon... Montre-moi ta mission...
Oahk se gratta la fesse et lança sa missive de mission au mystérieux missionnaire magique. Qui la lut. Et qui rit. Avant, d'un doigt, de faire cesser son sort de Lévitation Lourde et, de son autre doigt car il n'en avait que deux à cette main, de tendre l'ordre de mission au grunt affalé par terre en lui signifiant :
- Tu t'es trompé de cible, mon brave. Nous ne sommes pas un groupe nommé GAIA mais simplement des pélerins à la recherche d'un arbre sacré sacrément difficile à trouver : le Gros Arbre Incapable de s'Arrêter. Autrement dit le GAIA. C'est lui, là, représenté sur notre bannière. Avec son unique feuille, la Feuille de Vie qui produit la miraculeuse Eau de Vie que nous cherchons tous dans ce désert. Le souci est que cet arbre n'arrête pas de fuir.
Avant qu'Oahk ne puisse répondre "Gné ?", le mage reprit plus simplement :
- Nous pas être GAIA. Nous chercher arbre GAIA. GAIA toi sans doute être dans Lorndor. Pas dans désert. Mauvaise route.
- Où êTRe bONnE rOUte ?
- Lorndor. Tout droit par là. A la troisième dune, à gauche. Puis tout droit pendant 27 jours.
C'est ainsi qu'Oahk reprit son chemin pour une longue traversée du désert. Heureusement, se souvenant qu'il savait courir vite, le lendemain il arriva aux abords du Lorndor, laissant derrière lui les étendues sableuses où résonnèrent une dernière fois la voix du mage :
- Oh, et j'oubliais : Holone, je m'appelle Holone. Et ton petit massacre là, c'est pas que ça me gêne, mais il va falloir que je recrute de nouveaux sbires. Alors pour éviter à l'avenir tout ennui avec ta grosse carcasse, je te bannis de cette région qui est mienne : plus jamais tu ne pourras pénétrer dans les Sables D'Holone ! Tu es donc, pour ainsi dire, privé de désert ! Hahaha, que je suis drôle pour un érudit !
De toute façon, comme à son habitude Oahk n'avait pas attendu la fin du discours pour partir. Il était déjà loin, sur la piste des GAIA...
A suivre...
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Sam 14 Mar - 15:21
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